Mon histoire dans la création de bijoux en verre : entre passion et authenticité

Avant de jouer avec le verre, ma spécialité était le moulage. Je fabriquais des objets avec toutes sortes de résines, de silicones, plâtre et cires, aussi bien stratifiés que coulés, dans le domaine industriel ou artistique. Sans me l’avouer, j’étais frustré de travailler avec des produits issus de la chimie du pétrole. Qui plus est, ces matériaux se dégradent avec le temps.

Le verre a déboulé un jour dans ma vie, il y a plus d’une vingtaine d’année. J’ai fait mes premières armes dans le seul atelier de verre thermoformé du groupe Saint Gobain, en Alsace. J’y réalisais des panneaux selon la technique du fusing, une fourchette de température dans laquelle le verre ramollit sans couler. Ma première réalisation était une porte !

Je devais en savoir plus et après une année, je m’inscrivis à un stage de quelques jours dans le nord de l’Allemagne. Le verrier qui animait le stage, Detlef Tanz, une pointure internationale, cherchait à étoffer la partie moulage de son atelier, au nord d’Aix la Chapelle et c’est ainsi que je m’installai là bas. J’apportai mon savoir faire et j’apprenais la pâte de verre*, ainsi que tous les aspects du travail à froid sur des blocs pesant jusqu’à 40 kilos : sciage, perçage, taille, sablage, polissage …

De retour en France deux ans plus tard et fort d’une nouvelle corde à mon arc, je me suis lancé à fondre mes propres pièces qui racontent nos histoires d’humains. Mais je me suis vite rendu compte que courir les expositions et les galeries c’était pas mon truc.

Maria, une amie de la famille des verriers, me dit – pourquoi ne fabriquerais-tu pas des bijoux ? -. Une semaine plus tard, Michel, artiste marqueteur, me proposa d’exposer ces sculptures lors d’un marché de noël.

Extrait de notre dialogue :

– Le chalet est gratuit, deux week end …
– Des sculptures dans un chalet ? C’est pas du tout le lieu pour.

Cette nuit là, « fais des bijoux » de Maria rencontra « le chalet de noël » de Michel. Le lendemain je le rappelai :

– C’est ok, Michel.
– Je croyais que tu ne voulais pas exposer tes pièces.
– Je ne les présenterai pas.
– Alors quoi ?
– Des bijoux.
– Je ne savais pas que tu fabriquais des bijoux.
– Moi non plus.

Voilà, vous savez toute l’histoire et vous les avez sous les yeux

Que ces bijoux qui vivent de lumière vous apportent autant de bonheur à les porter que j’en ai eu à les créer. Ils sont bien plus que de petits morceaux de verres fondus, ils sont faits d’amour et de gratitude.

*Le verre est coulé dans des moules en matériaux réfractaires, plâtre ou béton.